Analyse : Les logements belges sont vieux et peu économes en énergie

La Commission européenne souhaite que tous les bâtiments en Europe soient neutres sur le plan climatique d'ici 2050. Malgré les objectifs ambitieux fixés par les différentes régions de Belgique, la majorité des logements restent anciens et loin des objectifs d'efficacité énergétique.

La Belgique est aux prises avec un parc de logements vétustes. Seuls 5 % des maisons et 10 % des immeubles d'habitation ont été construits après 2011. Pire, près de la moitié des maisons et des immeubles d'habitation ont été construits avant 1970, lorsque les normes d'isolation n'existaient pas encore (ce n'est que dans les années 1970 que l'espace entre un mur creux a été rempli de matériau isolant).

Ce sont surtout les maisons de la région de Bruxelles-Capitale qui datent : pas moins de 90 % des maisons et 70 % des immeubles à appartements ont été construits avant 1962. Proportionnellement, il s'agit d'une faible part de l'ensemble des logements en Belgique. La situation est encore pire en Région wallonne, où plus de la moitié des maisons et des immeubles à appartements ont été construits avant la seconde moitié du XXe siècle. 29 % ont même été construits avant 1900.

Les vieilles maisons font grimper le DPE

En soi, l'année de construction n'est pas nécessairement une indication de l'efficacité énergétique d'une maison; avec les bonnes rénovations, même une maison plus ancienne peut devenir économe en énergie. Or, nous verrons plus loin que ce n'est malheureusement pas encore le cas en Belgique. Pour commencer, le taux de rénovation en Flandre, et par extension dans toute l'Europe, est trop faible. Le gouvernement flamand a estimé en 2020 qu'environ 2,5 % des logements flamands seraient rénovés chaque année, mais seule une fraction de ce chiffre permettrait d'atteindre les objectifs de 2050. Comme approximation pour le taux de rénovation en Belgique, des chiffres européens de 2016 sont parfois cités. À l'époque, la Commission européenne estimait le taux de rénovation annuel en Europe à 1 %, mais là encore, seuls 0,2 % des cas impliqueraient une rénovation complète. Quelle est l'efficacité énergétique des maisons belges ? Les données sur les certificats DPE n'étant pas disponibles publiquement, nous pouvons approcher la distribution des valeurs DPE en Belgique sur la base des propriétés qui ont été offertes en ligne. Depuis 2019, il est obligatoire en Flandre d'inclure la consommation d'énergie dans une publication en ligne, en Wallonie depuis 2015. Tout d'abord, il est frappant de constater que les appartements sont généralement beaucoup plus économiques que les maisons. Comme décrit précédemment, des chercheurs de la KU Leuven ont calculé que la consommation énergétique moyenne des appartements serait inférieure d'environ 20 % à celle des maisons. En outre, on constate que seuls 2,3 % des maisons et 10,5 % des appartements atteindraient aujourd'hui l'objectif de 2050.

La question reste de savoir si le parc immobilier vétuste est à l'origine de la faible efficacité énergétique. Pour cela, nous pouvons résumer les publications en ligne par année de construction et par consommation énergétique annuelle. Il n'est pas surprenant que les vieilles maisons aient également une consommation d'énergie plus élevée. Mais comme la majorité du parc immobilier est constituée de maisons anciennes, toutes les régions sont actuellement bien au-dessus de l'objectif fixé pour 2050. Seules les maisons les plus récentes s'approchent du label A, en raison des normes énergétiques de plus en plus strictes applicables aux nouveaux logements.

La rénovation doit être mieux

Nous pouvons donc conclure qu'un parc de logements vétuste combiné à un faible taux de rénovation conduit à un parc de logements qui reste inefficace sur le plan énergétique. Le fait que chaque région soit compétente pour fixer ses propres objectifs et critères n'aide pas. Tant la Flandre que la Wallonie aspirent à ce que les maisons aient un label A moyen d'ici 2050, mais selon la Flandre, c'est déjà à partir de 100 kWh/m2/an, tandis que la Région wallonne n'accorde un label A qu'à partir de 85 kWh/m2/an. La Région de Bruxelles-Capitale a également un objectif moyen de 100 kWh/m2/an, mais là, cela se traduit par une étiquette C ou mieux.

La rénovation est donc plus pertinente aujourd'hui que jamais. Avec la hausse des coûts de construction, l'augmentation des coûts de la main-d'œuvre due à l'inflation et la hausse des taux d'intérêt, l'avenir du marché des nouvelles constructions est aujourd'hui plus incertain. De plus, l'augmentation des prix de l'énergie rend encore plus intéressant l'investissement dans des rénovations économes en énergie. Si vous souhaitez vendre votre maison par la suite, ces investissements peuvent également se traduire par un prix supplémentaire intéressant.

Fabrice Luyckx

Data Storyteller & Lead Data Engineer